Qin gong gui 秦公簋

Nom : .

Époque : Printemps et automnes.

Origine : mise au jour aux alentours de 1920 au Gansu.

Lieu actuel : musée national de Chine (Zhongguo guojia bowuguan 中國國家博物館).

Dimensions :
—Hauteur : 19,8 cm

Inscription :

秦公曰 :  不(丕)顯朕皇
且(祖),受天(令)命,鼏(宓mì 安静)宅禹
責(蹟,跡)。十又二公才(在)帝
之坏  (pēi),嚴龏(恭)夤(yín 敬惕)天命,
保業厥秦,虩事蠻
夏。余雖小子,穆穆帥彼
明德,剌剌𧻚𧻚,邁(萬)民是
敕。咸畜胤士。祛祛文
武,金炅(鎮)靜不廷,虔
敬朕祀,乍(作)△宗彝,以
邵皇祖,其嚴歸各。
以受屯魯多釐,眉壽無疆。畯疐在天,
高弘又(有)慶,竈囿四
方。宜。

Références :

Le Qin Gong gui (gui du Duc de Qin) est un récipient en bronze datant de la période des Printemps et Automnes.[1] Il mesure 19,8 cm de haut, 18,5 cm de diamètre intérieur, et 19,5 cm de diamètre à la base.[2] La date et le lieu de sa mise au jour ne sont pas connus avec précision, on peut seulement affirmer qu’il à été découvert dans la province du Gansu甘肅, aux alentours de 1920.[3] Les spécialistes pensent que ce bronze fut fabriqué pour le souverain Jing de l’état de Qin (Qin Jing gong 秦景公) qui régna sur la partie la plus occidentale du royaume de Zhou de 577 à 537 avant notre ère.[4] Il est conservé actuellement au musée national de Chine (Zhongguo guojia bowuguan 中國國家博物館).[5] Il ne doit pas être confondu avec un autre bronze du même type, à peine plus haut, portant exactement le même nom (Qin gong gui 秦公簋), mais qui a été découvert plus récemment et qui est conservé au musée de Shanghai.[6] On trouve sur le premier bronze une inscription formant un texte entier de cent cinq caractères, scindé en deux parties. La première, située sur le récipient, est composée de cinquante-et-un caractères, et la seconde sur le couvercle est composée de cinquante-trois caractères. Il n’y a en apparence que cinquante sinogrammes sur chaque partie (dix colonnes de cinq sinogrammes sur le fond du récipient et cinq colonnes de dix sur le couvercle) ; mais certains caractères portant une marque semblable à un signe égal doivent être dédoublés ou répétés pour être lu.[7] Ce texte écrit en caractère de style zhou 籀 ne présente pas trop de difficultés quant au déchiffrement des caractères,[8] dont un seul d’entre eux est illisible car trop abîmé. On peut donc comprendre le sens général du texte qui est une louange qu’adresse le duc de Qin à ces ancêtres, mais il très difficile de donner une traduction définitive et certaine car bon nombre de caractères sont difficiles à interpréter et les avis des spécialistes divergent. Pour tenter de comprendre en détails cette inscription (que nous appellerons ici arbitrairement version A), on peut la comparer aux deux autres versions existantes. La plus proche tout d’abord, provient d’une inscription relevée sur une cloche en bronze et répertorié dans un livre de la dynastie Song (le Kaogutu 考古圖)[9] qui dresse un inventaire des bronzes anciens et de leurs inscriptions. Le texte (que nous appellerons version B), y figure sous le nom de Qin ming xun zhong秦銘勳鐘, il est précisé que cette cloche spéciale de type bo[10] 鎛 qui porte le texte est aussi connue sous le nom de Zhaohe zhong 盄和鐘. La cloche en bronze a été perdue mais l’inscription a été conservée dans divers livres. Il est aujourd’hui plus fréquemment nommé Qin gong bo 秦公鎛 ou Qin gong zhong 秦公鐘 comme les bronzes qui portent la troisième version, ce qui peut porter à confusion. Cette dernière version (version C) provient de plusieurs bronzes découverts en janvier 1978 dans le district de Baoji 寶雞 au Shaanxi. Les inscriptions sont réparties sur cinq cloches de type zhong 鐘 et trois de type bo 鎛,[11] formant trois textes identiques entre eux et similaires à celui qui nous intéresse. Seuls quelques passages différent entre ces trois versions (A, B et C), notamment le début du texte où apparait Yu le grand, dont la mention se retrouve uniquement sur le vase de type gui.


[1] Le gui 簋 (parfois écrit gui 𣪘) est un récipient en bronze destiné à contenir de la nourriture, il a notamment, comme la majorité des bronzes, une fonction rituelle. Il a surtout été utilisé pendant une période allant des Shang aux Zhou orientaux.

[2] Voir photo en annexe, n°6.

[3] Selon le Shang Zhou qingtongqi vol. 4 p. 609, il aurait été découvert en 1923, dans la campagne au sud ouest du district de Tianshui dans le Gansu.

[4] Voir GUO Moruo, Liangzhou jinwen daxi tulu kaoshi. 1957, Tome 3, p. 247 ; Gao ming, Zhongguo guwenzixue tonglun. 1996 p. 404 ; MA Chengyuan, Shang Zhou qingtongqi mingwenxuan. 1990, p. 609.

[5] Musée qui porte ce nom depuis la fusion en 2003 du musée d’Histoire de Chine à Beijing (Zhongguo lishi bowuguan 中國歷史博物館) et du musée de la révolution (Zhongguo geming bowuguan 中國革命博物館)

[6] Ce second Qin gong gui 秦公簋, plus récent, a été découvert dans la tombe du Duc de Qin, sur le site de Dabaozishan 大堡子山, dans le district Li 禮 de la province du Gansu 甘肅, il ne comporte qu’une inscription de cinq caractères indiquant qu’il était la propriété du Duc de Qin (Qin wu gong 秦武公)et s’il est de forme et de taille proche du premier, on peut l’en distinguer facilement par son ornementation plus riche et ses trois pieds que le premier ne possède pas.

[7] Une marque formée de deux petits traits et située en bas à droite de certains caractères du texte, inique qu’on doit, soit scinder en deux le caractère pour le lire, soit le doubler. Dans le premier cas deux caractères sont alors écrits dans l’espace d’un seul, c’est ce qu’on appelle un caractère uni (hewen 合文), par exemple 卡= donne 上下. Dans le second un seul caractère accompagné de cette marque d’itération est écrit, c’est ce qu’on appelle un caractère doublé (chongwen 重文), par exemple 烈= donne 烈烈.

[8] Le style zhou 籀, autrement appelé grand sceau (dazhuan 大篆), était utilisé à Qin 秦. Il peut être considéré comme le moins difficile à déchiffrer dans la mesure où l’écriture actuelle a directement évolué à partir de ce style, le royaume imposant un style unique dit du petit sceau (xiaozhuan 小篆), proche du style dazhuan après l’unification en 221 av. J.-C.

[9] Voir : LÜ Dalin呂大臨, ZHAO Jiucheng 趙九成, Kaogutu 考古圖 du Kaogutu 讀考古圖  ; Kaogutu shiwen考古圖釋文. Beijing : Zhonghua shuju, 1987, p. 134

[10] Les cloches bo 鎛 : les cloches de bronze étaient généralement utilisés dans un ensemble qui comprenait de nombreuses cloches zhong de toutes les tailles et une cloche bo, qui se distinguait par sa taille plus imposante et une base plane (voir annexe n° 6).

[11] Ces bronzes connus respectivement sous le nom de Qin gong zhong 秦公鐘 et Qin gongbo 秦公鎛.

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